Visite des villages du Lac Atitlan
Je suis Kimy, stagiaire chez Terra Guatemala depuis février 2024. Au mois d’avril, j’ai pu partir en voyage de reconnaissance terrain au lac Atitlan pendant une semaine. Ce voyage m’a permis de découvrir la culture maya d’aujourd’hui et la singularité de chaque village qui entoure le lac le plus profond d’Amérique centrale.
San Juan la Laguna, le village aux mille couleurs
Je commence le voyage à San Juan la Laguna. Le village de San Juan la Laguna est principalement peuplé par les Mayas Tzutujil et s’appelait autrefois Xe Kuku Abaj. Pour y accéder, il faut prendre un bateau depuis Panajachel. La balade dure 45 minutes et permet d’observer les différents volcans qui entourent le lac. En arrivant au ponton de San Juan la Laguna, on est accueilli par la rue des parapluies, rue emblématique du village. Laissez-vous surprendre par la multitude de couleurs qui colorent les murs de la ville.
Le Mirador Kaqasiiwaan
La visite débute au mirador Kaqasiiwaan. Après 30 minutes de marche, on profite d’une vue époustouflante sur le lac Atitlan et ses environs. Si le temps vous le permet, vous pourrez même apprécier les volcans Acatenango et Fuego, à 150km de là. Construit en 2019, la municipalité a pris l’initiative d’engager des peintres pendant le Covid-19 pour décorer le mirador et y attirer les habitants du village à la fin du confinement. Le projet a été un succès puisqu’à présent le mirador Kaqasiiwaan est un incontournable du village de San Juan la Laguna.
Chaque peinture qui orne le mirador est un symbole de la culture guatémaltèque: le maïs, le café, les pièces de monnaies, le quetzal, le pêcheur, etc. Le mirador est une explosion de couleur ! Une plateforme un peu plus basse permet également d’apprécier des peintures du style “vista de águila” – point de vue d’un aigle -, représentatif des peintures de la région.
Une variété de coopératives
La majorité de la vie locale de San Juan la Laguna est développée autour de coopératives. Il y en a pour tous les goûts : apiculture, textile, chocolat, café, plantes médicinales, peinture. Les membres des coopératives transmettent leurs savoir ancestraux.
Mon coup de cœur personnel : la découverte du travail du textile artisanal. La coopérative est gérée uniquement par des femmes mayas et les revenus générés sont distribués équitablement aux membres. Entourés de cotonniers, on débute l’atelier avec une fibre de coton naturel. Une des femmes nous montre comment filer le coton et nous invite à essayer. Vient ensuite le moment de donner sa couleur au fil. La teinture est faite à la main et grâce à des plantes naturelles. La camomille pour un jaune vif; la carotte pour du orange; la fleur d’ibiscus pour du rose fuschia; le charbon pour créer un fil gris, etc. Enfin, la visite finit par une petite démonstration du “telar de cintura”, un métier à tisser que les femmes attachent autour de leur taille pour plus de confort. Un vrai travail de fourmi dont le résultat est spectaculaire.
Découverte de la spiritualité maya
Cette même après-midi, je fais la rencontre d’un prêtre maya avec qui se réalisera une cérémonie maya. Il s’agit d’un vrai moment d’introspection personnelle, de remerciement de la vie et de prise de conscience de son environnement. Au cours de ce moment hors du temps, le chaman nous aide à identifier notre nahual, l’esprit protecteur qui nous accompagne depuis notre venue au monde.
Après une série d’offrande à la nature et de purification du corps, il est temps de débuter la séance de temazcal. Ce sauna traditionnel est considéré par les Mayas comme un espace de purification et de renaissance. Une fois à l’intérieur, le mélange d’odeurs des plantes naturelles nous permet de nous détendre et de profiter de la chaleur.
Ces deux expériences sont presque indissociables pour une renaissance spirituelle et une relaxation garantie.
Immersion dans une famille maya
Le soir, je me retrouve chez une des familles mayas du village. Ils m’invitent dans leur petite maison, où nous partageons un moment ensemble. Ce soir-là, j’aide à préparer le dîner, à la lueur d’une bougie. Puis vient le dîner, où les conversations sont un joli mélange entre l’espagnol et le tzutujil, langue parlée par mes hôtes.
Randonnée nocturne et vue incroyable sur le lac Atitlan
Le lendemain matin, réveil aux aurores pour découvrir la Nariz del indio, la célèbre randonnée d’où l’on peut y observer le lac et les volcans aux environs. Départ à 4h du matin pour rejoindre le village de Santa Clara la Laguna. De là débute une courte randonnée de 45 minutes jusqu’au sommet de cette montagne. Le nom de cette montagne fait référence à sa forme qui, depuis le village de San Juan, ressemble à un visage de profil allongé.
Une fois le sommet atteint, on est accueilli par un bon chocolat chaud et une brioche que l’on déguste en attendant le soleil. Au loin, on distingue les premiers rayons du soleil, nous laissant apercevoir petit à petit les volcans Atitlan, San Pedro et Toliman. Les plus beaux jours, on peut également y voir les volcans d’Acatenango, Fuego et Agua, proches d’Antigua. On profite du spectacle avant de descendre et de découvrir les champs de maïs traversés pendant la montée de nuit.
San Pedro la Laguna, lieu de saveurs
Lors d’une escale à San Pedro la Laguna, j’ai pris part à un cours de cuisine. Anita nous fait découvrir son univers et nous emmène dans le marché local du village. Elle invite à la curiosité de chacun et nous propose d’acheter tout produit que nous souhaiterions goûter. Au-delà des ingrédients pour les recettes prévues, nous repartons avec les 10 types de mangues produits au Guatemala.
Après un tour du marché, on se rend dans la cuisine d’Anita, où vont être préparés les plats typiques choisis préalablement par le groupe. Au menu: pepián, tamalitos de chipilín et rellenitos. Dans une grande ambiance, tout le groupe s’affaire à préparer le déjeuner. Que ce soit couper les légumes, mélanger la pâte des tamalitos à la main ou écraser les bananes, tout le monde touche à tout. Alors que le plat finit de mijoter, on organise un petit atelier dégustation de mangues. Pour la grande fan de mangues que je suis, c’est un régal!
Vient enfin le moment de passer à table. Il s’agit d’un beau moment de partage avec nos partenaires de cuisine et le résultat est époustouflant ! On repart du village le ventre plein et la tête pleine de souvenirs.
San Lucas Tolimán, une parenthèse authentique
Souvent oublié par les circuits touristiques, San Lucas Toliman a su me surprendre. La première belle découverte a été l’Hôtel Toliman. L’hôtel s’engage pour un tourisme plus durable. D’un point de vue social, il apporte des conditions de travail dignes à ses salariés et supporte les femmes indigènes victimes de violences conjugales de la communauté. D’un point de vue environnemental, l’hôtel produit ses produits fruits et légumes, dans un grand potager ouvert aux hôtes de l’établissement.
Les jardins qui entourent l’hôtel sont parfaits pour un moment de détente ou un petit plongeon dans la piscine. La vue depuis la terrasse du restaurant sur le lac saura plaire à quiconque, tout en appréciant la grande diversité d’oiseaux qui passe.
Enfin, la belle surprise lors de ma visite a été le Tolimán Fashion Weekend, un événement de mode où les créateurs allient mode moderne et tenue traditionnelle. Ce mélange inattendu de styles a su m’émerveiller.